L’oppression linguistique

L’oppression linguistique

L'OPPRESSION LINGUISTIQUE

...siempre la lengua fue compañera del imperio...


                    Cuando bien comigo pienso, mui esclarecida Reina, i pongo delante los ojos el antigüedad de todas las cosas, que para nuestra recordación y memoria quedaron escriptas, una cosa hállo y sáco por conclusión mui cierta: que siempre la lengua fue compañera del imperio; y de tal manera lo siguió, que juntamente començaron, crecieron y florecieron, y después junta fue la caida de entrambos.

Antonio de Nebrija – Gramática de la lengua castellana (1492)

                  Quand je réfléchis bien en moi, très éclairée Reine, et pose devant les yeux l’antiquité de toutes les choses qui ont été écrites pour notre souvenir et notre mémoire, je trouve une chose et tire une conclusion très certaine, que toujours la langue fut compagne de l’empire ; et le suit de telle manière, que conjointement ils ont commencé, ont grandi et ont prospéré, et ensuite liée fut la chute des deux.


                                                                                         La domination s’exerce en effet aussi par le langage. Les « élites » imposent leur manière de parler comme la seule légitime.

Philippe Blanchet

                                                                 Autre aspect de la glottophagie : en situation de conquête, une des modalités de l’oppression d’un peuple ou d’une communauté passe par la domination exercée sur sa langue.

Alice Krieg

GLOTTOPHOBIA – GLOTTOMANIA

Discriminations : Combattre la glottophobie (Philippe Blanchet)

« Le premier livre à dénoncer la glottophobie, discrimination par le langage. »

                               Le langage est dans notre société un instrument de pouvoir puissant et méconnu […]. La domination s’exerce en effet aussi par le langage. Les « élites » imposent leur manière de parler comme la seule légitime.

Glottophobie, c’est un mot bizarre… […]

«L’idée, c’est de signifier par ce mot le fait que des personnes sont discriminées, sont jugées, humiliées, perdent de l’estime de soi parce qu’on n’accepte pas la façon dont elles parlent ou la langue [qu’]elles parlent…» […]

En quoi y a-t-il au juste des discriminations linguistiques, concrêtement ?

«On discrimine les gens globalement de deux façons. La première c’est en instaurant le fait que certaines langues sont acceptées dans certaines situations et que d’autres sont refusées, et donc que les gens, pour avoir accès, par exemple, à des droits, à des ressources, à des moyens, à de la promotion sociale, doivent adopter une autre langue que la leur, et puis on discrimine aussi les gens sur la façon dont ils parlent une langue et sur le fait qu’on leur asigne des identités, souvent des identités négatives, péjotatives, des stéréotypes, et de la même façon, du coup, on les empêche d’accéder à un certain nombre de moyens de vie sociale, de vie culturelle, à cause de la façon dont ils parlent.» […]

Mais pourquoi c’est ignoré, c’est au fond la question qu’on se pose. Pourquoi est-ce que c’est ignoré, par exemple, du champ politique … pourquoi c’est comme ça, un tabou presque ?

«Alors, c’est, c’est particulièrement un tabou en France… la plupart des grands textes internationaux de protection des droits de l’homme et de lutte contre les discriminations interdisent les discriminations linguistiques explicitement et disent qu’on a accès à tous ses droits quel que soit la langue dans laquelle on parle et comment on la parle…. Mais en France … c’est parce qu’il y a une idéologie linguistique qui est l’idéologie de l’homogénéité nationale, tout le monde doit parler la même langue et de la même façon, et on a fait en sorte, au cours, on va dire, en gros, des deux siècles précédents, d’inculquer ça aux gens de telle sorte que tout le monde y croit, et du coup on pense que c’est légitime de reprocher à quelqu’un d’être hors norme d’une certaine façon, de sortir de la case…[et du coup de menacer ce] ce mythe de l’homogénéité qui dans les faits existe pas parce que la diversité linguistique on peut pas l’empêcher…» […]

Alors, on a tendance à l’oublier mais la langue c’est un instrument de domination. Et d’ailleurs, en prélude, vous citez Boltanski et Bourdieu : «Le pouvoir sur la langue est une des dimensions les plus importantes du pouvoir.» […]

Concrêtement, que faire alors pour lutter contre ce genre de discrimination….

«Alors, c’est, c’est un vaste chantier …. D’abord je crois qu’y a la nécessité d’une prise de conscience, hein, que c’est de la discrimination comme d’autres discriminations…. Peut-être qu’un jour par exemple dans la loi française qui prohibe les discriminations, on pourra rajouter, elle a déjà été modifiée deux fois, une troisième fois les discriminations linguistiques… Pour l’instant j’ai pas d’écho du milieu politique… Pour l’instant le, la ministre de la justice m’a pas encore téléphoné pour me demander comment modifier la loi mais j’espère que ça viendra…» […]

Est-ce que ça passe par exemple aussi en France par la reconnaissance des langues régionales. On sait que la France était plutôt en retard par rapport aux directives européennes…

«Oui, et pas qu’européennes, … y a aucune raison qu’on interdise à quelqu’un d’utiliser sa langue, y compris sa langue première, et qu’on l’oblige à passer par la langue de quelqu’un d’autre pour avoir accès, par exemple, à des droits administratifs, des ressources, des services, etc.»

http://editionstextuel.com/index.php?cat=020407&id=648

http://www.observatoireplurilinguisme.eu/index.php/fr/pole-recherche/parutions/9926-blanchet,-philippe,-2016,-discriminations-combattre-la-glottophobie,-paris,-textuel,-192-p

Un « triple enfermement » idéologique des pratiques linguistiques : logicomathématique, sociopolitique et ethnonationaliste

« Qu’est-ce que la glottophobie ? Le sociolinguiste et professeur à l’université de Rennes 2, Philippe Blanchet, a forgé ce mot pour désigner les discriminations linguistiques de toutes sortes et qu’il définit ainsi : « le mépris, la haine, l’agression, le rejet, l’exclusion, de personnes, discrimination négative effectivement ou prétendument fondés sur le fait de considérer incorrectes, inférieures, mauvaises certaines formes linguistiques (perçues comme des langues, des dialectes ou des usages de langue) usitées par ces personnes, en général en focalisant sur les formes linguistiques (et sans toujours avoir pleinement conscience de l’ampleur des effets produits sur les personnes) ». » […]

« Mais, comme le recto d’une feuille de papier est inséparable de son verso, l’autre face de la glottophobie est la glottomanie qui consiste à parer une langue (ou plusieurs) de toutes les qualités (clarté, beauté, précision, etc.) comme autant de mirages qui finissent par créer son « prestige » (rappelons que le prestige est une illusion dans le vocabulaire de la prestidigitation). Et Philippe Blanchet démontre dans son livre, comme dans l’entretien qu’il nous a accordé, que cette surévaluation linguistique est souvent le fruit de politiques linguistiques menées par les Etats-Nations. La France, où l’identité nationale est pensée comme synonyme de langue française, est, à cet égard, un laboratoire de premier ordre pour le sociolinguiste. » […]

« J’ai élaboré récemment, dans un texte à paraitre, une théorie du « triple enfermement » idéologique des pratiques linguistiques, dont l’enfermement logicomathématique, et c’est de la Grèce antique qu’il nous vient. Les deux autres enfermements, sociopolitique et ethnonationaliste, ont fait le reste en sélectionnant, sacralisant, imposant, une variété standardisée semi-artificielle d’une seule langue (par exemple la norme scolaire du français standard) comme totem de l’unité nationale et filtre d’accès aux sphères de pouvoir. » […]

« L’idéologie nationale (et même nationaliste) française a ensuite fait réinterpréter le sens de ces deux articles [de l’ordonnance de Villers-Cotterêts]  pour essayer de légitimer par une ancienneté historique l’imposition du monolinguisme de langue française lancée sous la Terreur (en 1793) et poursuivie jusqu’à aujourd’hui dans l’Etat-Nation français inventé et construit depuis la Révolution. On a fait croire que l’ordonnance couvrait tous les usages administratifs, voire institutionnels. On a même fait croire que c’était le premier texte qui instaurait une « langue officielle » ou une « langue nationale » en France. Tout ceci est évidemment au moins une surinterprétation très exagérée, voire une manipulation malhonnête inspirée par un projet idéologique. Mais le travail d’inculcation du mythe a été très puissant lors de la construction ethno-nationaliste de la France d’après la Révolution, par ses appareils idéologiques d’Etat dont l’instruction publique devenue « éducation nationale » (l’adjectif est lourd de signification). C’est comme ça que se met en place une hégémonie (c’est-à-dire, au sens de Gramsci, une domination inculquée comme « normale » et donc acceptée y compris par celles et ceux qui en sont victimes et qui n’y voient pas d’alternative). »

« Qu’est-ce que la glottophobie ? Entretien avec Philippe Blanchet »

http://blog.assimil.com/glottophobie-entretien-philippe-blanchet

Glottophobie : article sur Wikipedia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Glottophobie

GLOTTOPHAGIA

Linguistique et colonialisme. Petit traité de glottophagie (Louis-Jean Calvet)

« Le propos de ce livre est de montrer comment l’étude des langues a toujours proposé, au bout du compte, une certaine vision des communautés linguistiques et de leurs rapports, et comment cette vision a pu être utilisée pour justifier l’entreprise coloniale. Les sciences humaines sont en effet enfermées dans un carcan séculier : qu’elles le veuillent ou non, elles parlent de nous, de nos conflits, de nos luttes. Et la traduction qu’elles en donnent est souvent, qu’elles le veuillent ou non, utilisée au profit de certains, dans ces conflits et dans ces luttes. D’un certain point de vue, la linguistique a été jusqu’à l’aube de notre siècle une manière de nier la langue des autres peuples, cette négation, avec d’autres, constituant le fondement idéologique de notre « supériorité », de la supériorité de l’Occident chrétien sur les peuples « exotiques » que nous allions asservir joyeusement. Le phénomène n’a d’ailleurs pas disparu avec la « décolonisation ». Louis-Jean Calvet le montre très clairement à travers un certain nombre de comportements, non seulement outre mer, mais à l’intérieur même de l’hexagone où les langues régionales demeurent les victimes d’un impérialisme linguistique dont l’un des masques les plus récents est peut être celui de la francophonie. Une linguistique consciente de ces implications politiques ne peut être que militante. C’est aux linguistes concernés, dans leurs pays respectifs, dans leurs régions, qu’il appartient d’assumer cette prise en charge, ce combat pour la défense et l’épanouissement de leur langue et de leur culture propres. »

http://www.payot-rivages.net/livre_Linguistique-et-colonialisme-Louis-Jean-Calvet_ean13_9782228880282.html

« Linguistique et colonialisme … a paru pour la première fois en 1974. Il est devenu depuis un classique de cette branche des sciences du langage que l’on nomme la politique linguistique (l’auteur préfère parler plus justement de politologie linguistique). Celle-ci s’intéresse aux rapports qu’entretiennent les langues et le politique, que ces rapports s’exercent entre des langues différentes (par exemple, prééminence de l’anglo-américain dans les échanges scientifiques internationaux) ou à l’intérieur d’une même langue (volonté de réduire l’écart entre variantes régionales, réformes de simplification de l’orthographe…). Au cours de cet ouvrage écrit dans le contexte d’une décolonisation en voie d’achèvement, Louis-Jean Calvet s’attache à décrire et illustrer la « glottophagie ». Ce terme est assez explicite : une langue en mange une autre. Mais les chemins qui conduisent à la glottophagie ont la complexité des sociétés humaines : ils mêlent l’histoire et la géographie, les intérêts politiques, économiques, religieux et scientifiques. La description des langues à laquelle travaillent les linguistes a longtemps servi à justifier l’entreprise coloniale, à l’instar de l’anthropologie physique.

La distinction entre ce qui relèverait du « dialecte » (toujours péjoratif, celui du sauvage et de la tribu) et ce qui relèverait de la « langue » (valorisée, celle du civilisé et de la nation) est un de ces outils à demi scientifiques qui légitiment la domination. Plus largement, un ensemble de qualificatifs aux fondements scientifiques très contestables distribue les langues sur une échelle de valeur : il y aurait des langues plus claires, plus riches, plus aptes à nommer l’abstraction… Autre aspect de la glottophagie : en situation de conquête, une des modalités de l’oppression d’un peuple ou d’une communauté passe par la domination exercée sur sa langue. »

Alice Krieg

https://www.cairn.info/magazine-sciences-humaines-2002-6-page-60.htm

LINGUICISM & LINGUISTIC IMPERIALIM

« In the mid-1980s, linguist Tove Skutnabb-Kangas, captured this idea of discrimination based on language as the concept of linguicism. Kangas defined linguicism as the « ideologies and structures which are used to legitimate, effectuate, and reproduce unequal division of power and resources (both material and non-material) between groups which are defined on the basis of language. »

« Au milieu des années 1980, la linguiste Tove Skutnabb-Kangas a saisi cette idée de discrimination basée sur la langue par le concept de linguicisme. Kangas a défini le linguicisme comme les « idéologies et structures qui sont utilisées pour légitimer, opérer et reproduire une division inégale du pouvoir et des ressources (à la fois matérielle et non-matérielle) entre des groupes qui sont définis sur la base de la langue. »

https://en.wikipedia.org/wiki/Linguistic_discrimination

http://www.tove-skutnabb-kangas.org

Robert Phillipson – Entrevista

Llengua i reivindicacions nacionals a Catalunya

Saving Languages

Saving Languages

Saving Languages

An Introduction to Language Revitalization

HOEL


Over the past fifty years and with increasing frequency, innovative programs have appeared around the world with the aim of revitalizing languages that are at risk of disappearing due to declining numbers of native speakers. The nature of these initiatives varies as greatly as the languages that are their targets. In some instances, they are nearly national in scope, such as the efforts to preserve Irish, yet in other instances they involve small communities or even a handful of motivated individuals. Many of these programs are connected to claims of territorial sovereignty, though cultural sovereignty or a desire to maintain a unique ethnic identity is just as often the explicit goal. […]

The sheer number of threatened languages cannot alone explain the ever-expanding number of language revitalization initiatives. To this we must add a second major socio-historical shift, the general trend towards recognizing the rights of minorities, both as individuals and as groups, within modern nation-states. Particularly since the end of the Cold War, there has been a collapse of hegemonic patterns in many portions of the world that had actively, and explicitly, worked to suppress cultural difference, and as a consequence in many places ethnic groups and minorities have increased flexibility in pursuing their own political agendas (Kymlicka 1995). In a very real sense minority communities have been emboldened to pursue territorial, political, and cultural rights. […]

Since language is a visible and powerful indicator of group identity, it has accurately been recognized as an important way to maintain links with one’s cultural past and to protect one’s cultural uniqueness in the present.

Lenore A. Grenoble & Lindsay J. Whaley

« Au cours des cinquante dernières années et de plus en plus fréquemment, des programmes novateurs ont été publiés dans le monde entier dans le but de revitaliser des langues qui sont menacées de disparaître du fait du nombre déclinant de locuteurs natifs. La nature de ces initiatives varie aussi grandement que les langues qui sont leurs cibles. Dans certains cas, elles sont presque d’envergure nationale, comme les efforts pour préserver l’irlandais, mais dans d’autres cas elles impliquent de petites communautés ou même une poignée d’individus motivés. Nombre de ces programmes sont liés à des revendications de souveraineté territoriale, bien que la souveraineté culturelle ou le désir de maintenir une identité ethnique unique soit tout aussi souvent le but explicite. […]

Le nombre même de langues menacées ne peut seul expliquer le nombre toujours croissant d’initiatives de revitalisation linguistique. A cela nous devons ajouter un second changement socio-historique majeur, la tendance générale vers la reconnaissance des droits des minorités, aussi bien en tant qu’individus qu’en tant que groupes, au sein des États-nations modernes. Particulièrement depuis la fin de la Guerre Froide, il y a eu un effondrement des modèles hégémoniques dans de nombreuses parties du monde qui avaient activement et explicitement travaillé à supprimer la différence culturelle, et en conséquence, dans de nombreux endroits des groupes ethniques et des minorités ont davantage de souplesse dans la poursuite de leurs propres agendas politiques (Kymlicka 1995). Dans un sens très réel des communautés minoritaires ont été enhardies à poursuivre des droits territoriaux, politiques et culturels. […]

La langue étant un indicateur visible et puissant de l’identité d’un groupe, elle a été précisément reconnue comme un moyen important de maintenir les liens avec son passé culturel et de protéger son originalité culturelle dans le présent. »

Jeunes filles Maori
CULTURAL RIGHTS

« Les droits culturels, cadre propice à la diversité culturelle »

« Les droits culturels sont partie intégrante des droits de l’homme, qui sont universels, indissociables et interdépendants. L’épanouissement d’une diversité créatrice exige la pleine réalisation des droits culturels, tels qu’ils sont définis à l’article 27 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et aux articles 13 et 15 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Toute personne doit ainsi pouvoir s’exprimer, créer et diffuser ses oeuvres dans la langue de son choix et en particulier dans sa langue maternelle ; toute personne a le droit à une éducation et une formation de qualité qui respectent pleinement son identité culturelle ; toute personne doit pouvoir participer à la vie culturelle de son choix et exercer ses propres pratiques culturelles, dans les limites qu’impose le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. »

“Cultural rights as an enabling environment for cultural diversity”

“Cultural rights are an integral part of human rights, which are universal, indivisible and interdependent. The flourishing of creative diversity requires the full implementation of cultural rights as defined in Article 27 of the Universal Declaration of Human Rights and in Articles 13 and 15 of the International Covenant on Economic, Social and Cultural Rights. All persons have therefore the right to express themselves and to create and disseminate their work in the language of their choice, and particularly in their mother tongue; all persons are entitled to quality education and training that fully respect their cultural identity; and all persons have the right to participate in the cultural life of their choice and conduct their own cultural practices, subject to respect for human rights and fundamental freedoms.”

UNESCO Universal Declaration on Cultural Diversity – Article 5

This book is designed for readers of various backgrounds who are interested in the fate of small language communities around the globe: linguists, anthropologists, and academics in other disciplines; language activists, missionaries, humanitarian workers, policy makers, and educators; journalists and researchers; students; and visionaries who believe that it is possible to hear their language spoken for many centuries to come in the face of many who claim otherwise. With this diversity of readers in mind, our goal was to write a book that would serve as a general reference guide to language revitalization, providing the necessary background, highlighting the central issues, indicating common obstacles, and pointing to sources of further information.

Our own experiences with language revitalization efforts have come primarily through fieldwork in east Asia on several Tungusic languages (all of which are undergoing rapid loss in the number of native speakers), and secondarily through long-term relationships and professional collaborations with fieldworkers and activists in Africa, South America, and North America, particularly the United States. This background has sensitized us to several important facts. First, although many similarities can be found in the causes of language loss around the world, this does not mean that similar approaches to language revitalization can be taken. There are simply too many differences in the political, social, and economic situations facing, say, a community in northern China versus one in southern Africa to make blanket statements about how revitalization should be carried out. Second, an honest evaluation of most language revitalization efforts to date will show that they have failed. There have been enough success stories to warrant optimism about the possibilities of taking a moribund (or extinct) language and moving it to a more vital state, but this is atypical. Creating an orthography or producing a television program for children in a local language is a major accomplishment in its own right, but it will not revitalize a language. A longer-term, multifaceted program, one which requires a range of resources and much personal dedication, is needed. Third, government policies affecting language use in public (or even private) realms are one of the two most basic forces that hinder (or help) language revitalization, the other being the connection that people make between language use and economic well-being for their family. Finally, where successes do occur in language revitalization, they result, perhaps without exception, from the efforts of people who want to speak a local language, and want their friends and neighbors to as well. Even with the best of intentions, an outsider entering into an endangered language situation with the goal of ‘‘saving it’’ will fail. This is not to say that outsiders do not have something important to contribute, such as linguistic expertise, connections to funding sources, moral support, and so on. They do, and their contributions are often vital to a program. But, that said, it is the members of the community where the revitalization is going on who need to be highly invested in the outcome. They need to control decision making; they need to take ownership of the effort and construct the revitalization program which suits their ambitions, needs, and resources.

The lessons from our own experience have greatly influenced the content and tone of this book. We have tried to present practical recommendations without giving the sense that there are guaranteed methods to language revitalization. We have tried to underscore the complexity of factors that must be addressed in expanding the domains where a local language is spoken without overwhelming the reader. And we have tried to keep in mind the balance between thoughtful planning in revitalization and the urgency facing speech communities where fewer and fewer people speak a language that used to be widely employed. […]

The present work is by no means the only resource on language revitalization. There are many. Hinton and Hale’s (2001) The green book of language revitalization in practice is perhaps the closest in spirit to our own work and contains a wealth of insights from people who have been deeply involved in designing language revitalization programs. Joshua Fishman, of course, has been instrumental in raising awareness about language endangerment and how communities can counteract the forces that lead to language shift. His 1991 book Reversing language shift: Theoretical and empirical foundations of assistance to threatened languages is already a classic and should be read by anyone with interests in the question of language revitalization. There are many collections of articles that explore the issues surrounding revitalization. Three of the more recent are Fishman (2001), Bradley and Bradley (2002), and Janse and Tol (2003). There are also a number of excellent books and articles dealing with language revitalization in specific regions of the world. Three that we have found highly instructive are: Amery (2000), King (2001), and Hinton et al. (2002). […]

Over the past fifty years and with increasing frequency, innovative programs have appeared around the world with the aim of revitalizing languages that are at risk of disappearing due to declining numbers of native speakers. The nature of these initiatives varies as greatly as the languages that are their targets. In some instances, they are nearly national in scope, such as the efforts to preserve Irish, yet in other instances they involve small communities or even a handful of motivated individuals. Many of these programs are connected to claims of territorial sovereignty, though cultural sovereignty or a desire to maintain a unique ethnic identity is just as often the explicit goal. While in one context a revitalization effort may be centered around formal education, in another it may be focused on creating environments in which the language can be used on a regular basis.

Although tremendous variety characterizes the methods of and motives for reinvigorating languages, revitalization, as a general phenomenon, is growing and has become an issue of global proportion. There are now hundreds of endangered languages, and there are few regions of the world where one will not find at least nascent attempts at language revitalization. This comes as little surprise when considered in light of the confluence of several socio-historical factors. First, language death and moribundity (i.e. the cessation of children learning a language) are occurring at an exceptionally rapid rate. While the precise number of languages in the world is difficult to determine (see Crystal 2000:2–11 for a concise discussion), and predicting the total number of languages that will cease to be spoken is harder still (Whaley 2003), there is a general consensus that at least half of the world’s 6,000–7,000 languages will disappear (or be on the verge of disappearing) in the next century. As Crystal (2000:19) points out, ‘‘To meet that time frame, at least one language must die, on average, every two weeks or so,’’ a startling fact, to say the least. […]

The sheer number of threatened languages cannot alone explain the ever-expanding number of language revitalization initiatives. To this we must add a second major socio-historical shift, the general trend towards recognizing the rights of minorities, both as individuals and as groups, within modern nation-states. Particularly since the end of the Cold War, there has been a collapse of hegemonic patterns in many portions of the world that had actively, and explicitly, worked to suppress cultural difference, and as a consequence in many places ethnic groups and minorities have increased flexibility in pursuing their own political agendas (Kymlicka 1995). In a very real sense minority communities have been emboldened to pursue territorial, political, and cultural rights. Though this has meant a burgeoning number of ethnic conflicts (Moynihan 1993), it has also meant rethinking human rights at a basic level to include the protection of such things as the choice of language. Consider, as just one example, language from Article 5 of UNESCO’s Universal Declaration on Cultural Diversity, which states: ‘‘All persons should therefore be able to express themselves and to create and disseminate their work in the language of their choice, and particularly in their mother tongue; all persons should be entitled to quality education and training that fully respect their cultural identity.’’ Similar statements can be found in declarations from many transnational organizations, such as the European Union, the Organization for American States, and the Organization for African Unity, as well as in recent legislation in a number of countries. Though the effectiveness of these proclamations and laws in ensuring cultural rights is a matter of some debate, there is little doubt that they have encouraged ethnic communities around the world to pursue activities that assert their cultural identities, and these activities often include programs to promote heritage language use.

A less understood factor that has had a role in the increased interest in language revitalization is ‘‘globalization.’’ […]  Since language is a visible and powerful indicator of group identity, it has accurately been recognized as an important way to maintain links with one’s cultural past and to protect one’s cultural uniqueness in the present.

Lenore A. Grenoble & Lindsay J. Whaley – Saving Languages. An Introduction to Language Revitalization


Fishman (2001) – Can threatened languages be saved ?

Bradley and Bradley (2002) –  Language endangerment and language maintenance

Janse and Tol (2003) –  Language death and language maintenance. Theoretical, practical and descriptive approaches

Amery (2000) – Warrabarna Kaurna! Reclaiming an Australian language

King (2001) –  ‘Te Kohanga Reo: Maori language revitalization’. In Hinton and Hale, eds., 119–28 (The green book of language revitalization in practice)

Hinton et al. (2002) – How to keep your language alive

Crystal (2000) – Language death

Whaley (2003) – ‘The future of native languages’. Futures 35:961–73

Kymlicka (1995) – The rights of minority cultures

Moynihan (1993) –  Pandemonium: Ethnicity in international politics

Kwak'wala language teacher Joye Walkus (TEDx Talks)

REVIEW :

~

“The second chapter offers an overview of the various factors that affect language endangerment. It develops an analytical framework for characterizing any individual situation. A distinction is made between macrovariables, which include factors such as the global economy or national language and education policies, and microvariables such as language attitudes, religion, literacy, human resources in the communities (i.e. people and their skills), and financial resources. A short case study of Cornish illustrates how many of the factors may interact. […]

Ch. 3 discusses different types of revitalization programs. One type is the total immersion approach, exemplified by the Māori ‘language nests’. Since the 1980s, Māori elders have been coming to preschools to speak Māori with children. This was followed up by schools where students receive all instruction in Māori. Similar programs have been established for Hawaiian and Mohawk. The learners involved in total immersion may be children or adults. G&W discuss advantages and disadvantages with regard to either choice of target generation but do not take a stance on which choice is to be preferred when both are possible. Partial immersion, where the local language is only used for some instruction, is encountered more frequently but works less well. A third type is the master-apprentice programs developed in 1992 in California. Here, an elder who still speaks the language is paired with a learner and the teaching takes place entirely through the oral medium and in real-life situations. […]

The story of the Mohawk language program in Kahnawà:ke, Québec, Canada, is one of dedicated community members who, since 1970, have been building up a program of language immersion. Ironically, it was the policies intended to support another language that spurred the establishement of the Kahnawà:ke Survival School in 1978. Two years earlier, a new legislation had made French the only official language of Québec.”

Søren Wichmann :  Language (Volume 84, Number 4, December 2008)